La prévention de la récidive constitue une mission centrale des politiques pénales en France, et à l’étranger. Il est attendu que l’action publique puisse réduire significativement la récidive et favoriser la réinsertion sociale. Si, en France, l’organisation d’une conférence de consensus sur la prévention de la récidive en 2013 a constitué un moment important pour l’ensemble des acteurs concernés, elle s’est principalement accompagnée de réflexions relatives aux pratiques professionnelles, notamment en matière d’évaluation du risque de récidive, sans qu’elle ne permette d’inscrire l’évaluation des politiques pénales comme un élément fondamental d’une politique publique efficace. D’une part, les interventions proposées ne permettent pas, pour la plupart, d’intégrer les connaissances les plus à jour en matière de prévention de la récidive [1][2]. D’autre part, l’évaluation – qu’elle soit sommative ou formative – n’est que rarement menée, ne permettant pas d’identifier les forces et les faiblesses des programmes financés, et ce, malgré l’augmentation – réelle ou affichée – des dépenses publiques et la multiplication des dispositifs. En effet, si certaines expérimentations se mettent en œuvre dans le cadre d’une recherche-action ou peuvent être accompagnées d’une évaluation ponctuelle, l’absence d’évaluation systématique des interventions destinées à prévenir la récidive ne permet pas de rendre compte de l’efficacité des politiques pénales, ou plus largement des effets produits[3].
Dans ce contexte, l’objectif du réseau EVA-3PR est d’une part de contribuer à l’essaimage des bonnes pratiques en matière de recherche évaluative et d’évaluation des politiques pénales. D’autre part, de promouvoir les pratiques fondées sur les probantes en matière de prévention de la récidive et de réinsertion sociale, tout en interrogeant leurs fondements et implications. Plus exactement, le réseau international EVA-3PR sera structuré autour de trois axes:
- Axe 1 – Effets, efficacité et efficience des politiques pénales : Ce qui fait « evidence »
- Axe 2 – La diffusion des résultats issus de la recherche dans les pratiques: Les « résistances
professionnelles » comme source d’enseignements - Axe 3 – L’évaluation des politiques pénales comme levier de l’action publique et aide à la décision : Entre contraintes et opportunités
En plus d’être interdisciplinaire et international, le réseau EVA-3PR, nouvellement créé, reposera sur la forte complémentarité des chercheurs impliqués, menant des travaux relatifs à la prévention de la récidive. Différentes disciplines seront ainsi représentées : la psychologie, le droit, la sociologie, les sciences politiques, l’économie, et la criminologie. Au-delà des apports respectifs de chacune des disciplines sur le plan théorique ou méthodologique, il est attendu que la confrontation de référents épistémologiques différents contribue à enrichir significativement les échanges et à appréhender les objets à l’étude dans leur complexité. Par ailleurs, dans la mesure où la place accordée à la recherche évaluative dans la mise en œuvre des politiques pénales diffère au sein des pays impliqués (i.e, France, Canada, Angleterre, Suisse, Belgique, et Israël), il est attendu que les échanges se trouvent d’autant plus enrichis qu’ils rendront compte d’enjeux pour certains spécifiques, et pour d’autres partagés. À cet égard, chacun des trois axes sera placé sous la co-responsabilité d’un chercheur étranger, d’un chercheur français et d’un jeune chercheur.
Le réseau international EVA-3PR bénéficiera également de la participation d’acteurs de la société civile impliqués – à divers degrés – dans la prévention de la récidive (Directeur.rices pénitentiaires ; Responsable du département Probation et Criminologie ou formateur de l’École Nationale d’Administration Pénitentiaire Conseillers Pénitentiaire d’Insertion et de Probation ; Psychologues ; Responsable de la recherche auprès de la direction centrale de la police judiciaire ; Représentants du monde associatif), ainsi que de décideurs en charge du développement et de la mise en oeuvre des politiques pénales. À cet égard, trois bureaux de la Direction de l’Administration Pénitentiaire seront représentés et prendront part aux activités : le bureau de la donnée, le laboratoire de recherche et d’innovation, le bureau des parcours de peine.
Enfin, la gouvernance du réseau sera assurée par un conseil scientifique composé de chercheurs, d’une jeune chercheure et d’un représentant de la société civile.